- Être régulièrement établi dans l'État d'origine et y exercer réellement des activités
substantielles autres que celles relevant uniquement de la gestion interne et/ou
administrative ;
- Respecter l'un des quatre cas de recours au régime du détachement :
exécution d'une prestation de services (en sous-traitance) : activité industrielle,
commerciale, artisanale, libérale ou agricole, réalisée dans le cadre d'un contrat conclu
avec un prestataire ;
mobilité intra-groupe : mise à disposition à but non lucratif de personnel entre
entreprises d'un même groupe pour une mission ou une formation ;
mise à disposition d'intérimaires : une entreprise de travail temporaire (d'intérim)
établie à l'étranger peut détacher des salariés auprès d'une entreprise utilisatrice au
Maroc pour des missions ponctuelles ;
réalisation d'opérations pour propre compte.
- Être salarié d'un employeur régulièrement établi et exerçant son activité hors de France ;
- Travailler habituellement pour le compte de celui-ci, exécuter son travail à la
demande de cet employeur sur le territoire français dans les conditions définies aux
articles L. 1262-1 ou L. 1262-2 du code du travail ;
- Exécuter son travail au Maroc de manière temporaire ;
- Ne pas être recruté au seul fin d'un envoi sur le territoire français.
1- La déclaration préalable de détachement à la DIRECCTE :
L'employeur établi à l'étranger doit transmettre une déclaration de détachement à
l'unité territoriale de la Direccte du lieu où doit être effectuée la prestation.
Cette déclaration doit obligatoirement être réalisée en utilisant le télé-service «
Sipsi » du ministère du Travail.
Les entreprises de transports établies à l'étranger qui détachent des salariés roulants
ou navigants de façon temporaire au Maroc pour un ou plusieurs trajets ne sont pas
concernées par l'obligation de transmettre une déclaration de détachement mais doivent
établir, sur le télé-service SIPSI, une attestation de détachement. Un exemplaire de cette
attestation doit être gardé à bord du moyen de transport avec lequel est assuré le service
pour être présenté lors des contrôles.
2- Autorisation de travail :
Les employeurs établis hors UE doivent obtenir une autorisation de travail pour la durée
de la période d'activité au Maroc.
Pour les employeurs établis en UE mais dont les salariés sont ressortissants d'un État
hors UE, ces derniers peuvent être détachés sans avoir à justifier d'une autorisation de
travail. Cependant, ils doivent détenir un titre les autorisant à travailler dans le pays où
est établi leur employeur.
L'autorisation de travail peut prendre l'une des formes suivantes :
- Visas et titres de séjour valant automatiquement autorisation de travail : visa de
longue durée, carte de séjour passeport talent, carte de séjour pluriannuelle salarié
détaché ICT, carte de résident, carte de résident de longue durée - UE ;
- Visas et titres de séjour délivrés après accord de la Direccte : visa de long séjour
valant titre de séjour et carte de séjour salarié, visa de long séjour valant titre de
séjour et carte de séjour travailleur temporaire, carte de séjour travailleur saisonnier.
L'étranger peut travailler avec son contrat de travail ou sa demande d'autorisation de
travail visé par la Direccte, dans l'attente de la remise de sa carte de séjour par la
préfecture.
- Documents provisoires de séjour valant autorisation de travail :
récépissé de première demande ou de demande de renouvellement d'une carte de séjour
autorisant à travailler ;
ou autorisation provisoire de séjour remise au jeune diplômé.
- Autorisation provisoire de travail
L'étranger, qui n'est pas titulaire d'un visa ou titre ou document visé plus haut, peut
recevoir une autorisation provisoire de travail (APT) d'une durée maximum de 12 mois,
renouvelable.
Cette autorisation est remise au travailleur qui doit exercer, chez un employeur
déterminé, une activité temporaire.
La demande d'autorisation de travail s'effectue moyennant un formulaire CERFA dûment
rempli et signé accompagné d'un certain nombre de documents prévus par l'arrêté du 28
octobre 2016 fixant la liste des pièces à fournir pour l'exercice, par un ressortissant
étranger, d'une activité professionnelle salariée.
3- La désignation d'un représentant présent sur le sol français :
L'entreprise doit désigner un représentant présent sur le sol français pendant la durée
du détachement dans un document écrit en français contenant les informations suivantes.
- le nom, le cas échéant la raison sociale, le prénom, la date et le lieu de naissance ;
- l'adresse électronique et postale au Maroc et numéro de téléphone ;
- l'indication de l'acceptation par l'intéressé de sa désignation ;
- la date d'effet et la durée de la désignation qui ne peut excéder la période de
détachement ;
- l'indication du lieu de conservation sur le territoire national ou les modalités
d'accès aux documents qui doivent être tenus à la disposition des agents de contrôle.
Ce représentant de l'entreprise détachant des salariés au Maroc est chargé, durant toute
la période de détachement, d'assurer la liaison avec les agents de contrôle et de tenir à
leur disposition certains documents qu'il pourra communiquer sous format papier ou
informatique.
Pour les activités de construction dans le secteur du BTP, une carte d'identification
professionnelle est obligatoire pour tous les salariés détachés et les salariés détachés
intérimaires réalisant des travaux.
Pour en savoir plus et effectuer la demande de carte pour vos salariés :
http://www.cartebtp.fr
4- L'adhésion à une caisse de congés payés et « intempéries » (secteur du BTP,
des spectacles)
Les employeurs du secteur du BTP et du spectacle doivent obligatoirement s'affilier à
des caisses de congés payés qui assurent la gestion et le paiement des indemnités de congés
payés à leurs salariés et également, s'agissant des salariés du secteur du BTP, des
indemnités de chômage intempéries. La caisse de congés payés se substitue aux employeurs
pour le versement des indemnités, dont le financement est assuré par les cotisations des
employeurs assujettis.
Les entreprises du bâtiment doivent s'affilier et cotiser auprès de la Caisse de Congés
Intempéries BTP du lieu d'exécution de la prestation. Après un premier détachement et une
première affiliation, il est possible de continuer à adhérer à la première caisse, dite
alors caisse « référent » ;
Les entreprises du secteur des travaux publics doivent s'affilier et cotiser auprès de
la Caisse Nationale des Entreprises de Travaux Publics (CNETP).
Par ailleurs, tout employeur dont les salariés accomplissent, dirigent ou organisent
(conducteurs de travaux…), même à titre occasionnel, secondaire ou accessoire des travaux de
bâtiment et travaux publics est tenu de demander la Carte BTP pour les salariés concernés.
5- Contrôle de l'inspection de travail
Des documents en langue française (les sommes converties en euros) doivent être
présentés sans délai sur demande de l'inspection du travail. Ces documents diffèrent selon
le motif de détachement :https://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/detachement-des
salaries/article/obligations-de-l-employeur-de-salaries-detaches
6- Cas particulier
Cependant, les entreprises étrangères, répondant aux cas suivants, ne sont plus soumises
aux lourdes obligations de déclaration dans le cadre du détachement de salariés vers la
France. Sous réserve de pouvoir garantir le « noyau dur » des droits des salariés détachés,
l'administration peut désormais exonérer les entreprises qui pratiquent :
- Le détachement « récurrent » avec un destinataire établi au Maroc : Cet aménagement
doit faire l'objet d'une demande expresse adressée à la Direccte par l'employeur d'origine,
et ne peut être accordée que pour une durée maximale d'un an, renouvelable le cas échéant.
Si toutefois l'employeur étranger vient à manquer à ses obligations minimales (noyau dur),
les services administratifs pourront à tout moment mettre fin à cette faveur et demander
l'application du régime antérieur (déclaration, désignation d'un correspondant, etc.) ;
- Le détachement pour des prestations et opérations « de courte durée » ou dans le cadre
d'événements ponctuels : pour certaines activités dont la liste est fixée par arrêté du
ministre chargé du travail ;
- Le détachement pour propres comptes : pas d'obligation de déclaration préalable de
détachement et de désignation de représentant.
Les entreprises de travail temporaire ont des obligations propres, notamment la garantie
financière.
- Vérification des déclarations du sous-traitant : Le donneur d'ordre ou le maître d'ouvrage,
ayant recours à des salariés détachés au Maroc, doit vérifié que l'employeur d'origine a
rempli ses obligations.
Il doit lui demander, avant chaque détachement, une copie de :
La déclaration de détachement ;
Document désignant le représentant au Maroc ;
Formulaire d'affiliation à la sécurité sociale du salarié détaché au Maroc.
Si l'employeur installé à l'étranger ne remet pas une copie de la déclaration de
détachement, le maître d'ouvrage (ou le donneur d'ordre) doit effectuer au moyen du
télé-service Sipsi une déclaration subsidiaire de détachement dans les 48 heures suivant le
début du détachement.
L'absence de déclaration expose le maître d'ouvrage ou le donneur d'ordre à une amende
de 4 000 € maximum par salarié (8 000 € en cas de réitération dans un délai d'2 an) dans une
limite de 500 000 € ainsi qu'au suspension de la prestation de services pendant 1 mois
maximum.
- Registre unique du personnel : L'entreprise d'accueil doit annexer les déclarations de
détachement à son registre unique du personnel.
Ce registre doit rester à disposition des inspecteurs du travail.
L'entreprise d'accueil doit adresser à l'inspection du travail son bilan social qui doit
indiquer le nombre de :
Salariés détachés hors de France ;
travailleurs détachés accueillis.
Vigilance en matière d'hébergement et de droit du travail
- Vigilance en matière d'hébergement et de droit du travail : Le donneur d'ordre a une
obligation de vigilance concernant les conditions d'hébergement des salariés du prestataire.
Ils doivent être compatibles avec la dignité humaine.
- Responsabilité solidaire en cas de manquements : Si l'employeur est informé par
l'inspection du travail de manquements concernant les conditions d'hébergement ou le salaire
dû, il doit faire cesser sans délai cette situation.
- Accident du travail : Lorsqu'un salarié détaché est victime d'un accident du travail,
le maître d'ouvrage doit envoyer, dans un délai de 2 jours ouvrables, une déclaration
d'accident de travail à l'inspection du travail du lieu de l'accident.
Pendant la durée du détachement de ses salariés au Maroc, l'employeur est soumis aux règles françaises notamment en matière de rémunération, d'égalité professionnelle, de durée du travail et de conditions de travail. En revanche, ne sont pas applicables aux salariés détachés les dispositions du droit du travail français relatives à la conclusion et à la rupture du contrat de travail, la formation, la prévoyance, etc. C'est le droit du pays d'origine des salariés détachés qui s'applique. Le salarié détaché reste sous contrat avec son employeur établi à l'étranger qui lui verse sa rémunération. Il n'y a pas de lien contractuel avec l'établissement français qui l'accueille.
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